Le prince des haies et des combes, Sambucus Nigra en latin, Sureau Noir en français, est un arbuste au port majestueux qui nous offre quelques fleurs pendant sa courte floraison. Nous les émondons pour ne mettre que les pétales à macérer.
Notre vin et notre eau de vie fixent un arôme puissant et franc. Un trait de sucre et laps de temps rentrent aussi dans la composition : il faut un temps aux ingrédients pour s'orchestrer et donner naissance à un vin de pétales cristallisé.
Fermez les yeux, vous êtes dans le hamac du jardin, un verre à la main...
Elle arbore une robe assez fluide, colorée et intense, teintée de rose pourpre et de cannelle. Elle est aussi, riche, avec un veinage et un marbré qui alternent à la fois la limpidité et l'opacité. Elle est brillante et lumineuse. Les reflets rouge rubis sont soutenus et éclatants.
Le 1er nez nous fait ressentir le passage d'une saison à l'autre.
Tout d'abord l'été, avec la richesse des senteurs florales des montagnes : sureau, bouton d'or, verveine, pissenlit, rhubarbe, graine de tournesol, réglisse (bâton), menthe poivrée.
Vient ensuite l'automne, où l'on a vraiment l'impression d'être dans les bois : mousseron, tabac brun, graine de moutarde, thé fumé (lapsang souchong), fruits secs (amandes, noisettes), de safran, de cerise amarena et torréfaction.
L'aération nous révèle un registre épicé : girofle, cardamome, cumin, moka, poivre. Tout cela s'enrichit, encore par une aération poussée où se mêlent, des notes fruitées (cassis, grenade, noyaux de cerises kirschées) et végétales (fenouil, morille). On ne sort pas indemne de cette rencontre.
Un fruité/floral fragmentaire tant son expression est diverse et variée. L'acidité, elle, nous présente un profil encore légèrement grenu/tendu en flirtant avec des essences de bergamote et de fougère. Elle haubane l'ensemble dans sa verticalité.
L'alcool est présent, et ce sans ostentation. Il renforce la verticalité de l'ensemble en l'arcboutant sans la contraindre.
Les tannins, apportés par la Fleur de sureau, sont nombreux, soyeux et juvéniles et ne peuvent être, pour le moment, qualifiés que de monocéphales. Ils constituent un socle architectural solide, mais non dénué d'une certaine élasticité, tout en assurant l'assise de l'ensemble.
La matière dans son ensemble nous montre encore, et c'est peu dire, que ses composantes marchent les unes sans les autres en attendant qu'elles marchent les unes avec les autres... La finale est très longue, et l'on retrouve des saveurs déjà perçues, pendant de nombreuses caudalies, le tout sur de beaux amers.