La Folle Noire est un des cépages traditionnels du Gaillacois, également connu dans le Galet, sous le nom de Jurançon noir. Nous aurions pu retenir le deuxième nom, mais la confusion aurait été gênante, sauf pour l’élégance et la sucrosité réconfortante.
Parce que le beau fruit poivré et prunelé de la Folle Noire ne doit pas être écrasé de sucre,
Parce que ce sucre vient du jus dont on arrête la fermentation en y ajoutant de l’eau de vie bio du domaine, parce que ce sont les vignes du père, Jean Cazottes, plantées dans les années 60, et qu’elles méritent d’être respectées…
Parce que la palette aromatique de ce muté sur grain est aussi folle que son nom : une promenade en automne dans les vignes ensoleillées où on dispute les grappillons très mûrs et abandonnés aux oiseaux, croquant le poivré végétal de la peau, l’incroyable et délicate longueur du jus en bouche, enveloppant comme une couverture douce.
Un produit simple et follement efficace.
Elle nous accueille dans une livrée topaze. Elle est opaque, lumineuse, légèrement voilée. Là aussi, les reflets se sont étoffés pour donner un style brun et cuivré, au rang desquels l'ambre a pris sa place. Ils confèrent richesse et épaisseur à la robe.
Le 1er nez riche/équilibré/séduisant/dynamique, un peu brut de décoffrage, s'affirme résolument sur des flaveurs vermouthées (punt es mes)/rancio/oxydatives.
Le 2ème, lui, est fruité (Raisin)/épices/ boisé nous submerge par sa dynamique. Essayons de détailler son arborescence qui promet une grande complexité :
L'attaque dévoile une délicieuse exubérance d'arômes et de sensations, et par mimétisme, il revêt les marques des banyuls oxydatifs. Elle donne également une impression de plénitude avec un grain et une texture veloutée, suave même, voire nourrissante.
La bouche s'équilibre entre l'exubérance d'un fruité, avec des notes de compotés mûrs qui donnent richesse, fondant et onctuosité, et des tanins qui semblent être contenus dans le corps même du vin sans qu'il n'y paraisse. Toutefois, ils sont nombreux, mûrs et soyeux. Ils s'impriment de micro-douceur.
La fraîcheur (acidité), quant à elle, relaie cette sensation au travers d'une impression tactile unique et finement corsetée par de beaux amers (rancio = arachide).
L'alcool est intégré et se drape dans le soyeux de la matière. Ces éléments s'associent pour donner une construction stable à la matière qui se montre élégante et moelleuse.
La finale est très, très longue où s'embrasent tous les éléments aromatiques déjà évoqués, et ce sur de longues caudalies.